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L OMBRAGEUSE I23

de ci, de là. Des regards curieux se levaient vers elles. D'un air nonchalant, Isabelle cherchait dans la cohue quelque visage familier. Dans le fond d'une petite serre, enfin, au milieu de cinq ou six jeunes gens, elle aperçut le convive inconnu du souper, celui que Boboli appelait Chariot. Pour mieux attirer l'attention, il s'était soulevé à demi, et de loin lui faisait signe. L'Ombrageuse, aussitôt, se dirigea sur lui. Ses yeux, sa face, en un moment, s'étaient éclairés. Déjà, empressé et la main tendue. Chariot se penchait. Mais sans faire mine de remarquer le geste : " Ah ça ! fit-elle vivement, que me conte- t-on ? Il paraît qu'il s'en est passé de belles, tantôt, au Casino !... "

Lentement, Chariot laissa retomber sa main et d'un ton incertain : " Vous faites allusion, sans doute, à l'incident auquel se trouve mêlé M. Latour... Ah ! vous dites bien, c'est surprenant en efiFet... ! " Et comme pour amener une présentation : " Justement, ajouta-t-il en désignant les jeunes gens près de lui, ces Messieurs et moi nous étions en train d'en parler... "

Isabelle ne daigna point soupçonner l'intention. " Vraiment ! fit-elle, en s'asseyant. Eh bien continuez, je vous en prie... Je serais fort aise de vous entendre... " Et, accoudée au marbre de la table, elle promenait autour d'elle un regard étincelant et avide.

Son accent, la brusquerie de ses façons n'avaient pas laissé de causer quelque malaise. " Mon Dieu ! reprit Chariot, avec précaution, nous ne disions rien qui vaille d'être rapporté... Il y a des circonstances qui nous échappent... Tout cela est bien obscur et tellement imprévu... Du moins, poursuivit-il, nous étions unanimes

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