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L OMBRAGEUSE 121

" cette explication, je n'ai voulu que nous épargner une

    • épreuve inutile, également pénible pour vous et pour

" moi. Devant vous, d'ailleurs, je sens que je n'aurais " rien trouvé à dire. Vous savez que je m'exprime mal " et que les mots me trahissent. Certainement, s'il " m'avait été permis d'épancher tout ce que j'ai sur le " cœur et qui si longtemps m'a pesé, vous m'auriez

    • compris, mais cette approbation même eût été pour
    • moi un déchirement que je me reconnais incapable de

" supporter. Au fond, si ce départ inopiné vous surprend " en ce moment, vous ne tarderez pas à reconnaître que " c'est la seule solution que comporte la douloureuse

    • situation où la vie nous a placés. Mon grand tort, c'est

" d'avoir tant tardé à m'en apercevoir. J'aurais tout fait " pour vous rendre heureuse. J'ai reconnu depuis peu que

    • je ne saurais mieux assurer votre bonheur qu'en renon-

" çant à y être pour quelque chose. Voilà pourquoi " je me retire, bien éloigné, du reste, de me croire quitte à " ce prix de l'aveuglement égoïste où je me suis obstiné " et que je vous supplie de me pardonner, afin que, le jour " où nous nous retrouverons en face l'un de l'autre, il

    • me soit permis de vous rappeler le souvenir de celui

" qui signe ici

    • votre ami pour la vie

Derlon. " Et, dans un coin de la dernière page, il avait ajouté son adresse nouvelle.

kPlus déconcertée que jamais, comme Boboli à cet endroit relevait la tête, elle aperçut l'Ombrageuse qui, habillée et prête à sortir, la considérait d'un œil ironique, en achevant de boutonner un de ses gants. " Pour l'amour

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