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86 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

— Et dire, soupira-t-il, insinuant, qu'avec des conces- sions réciproques, deux honorables familles si ancienne- ment unies n'eussent point permis à la discorde d'exercer entre elles ses déplorables ravages !... Oui, je sais, madame Landry, monsieur Davèzieux a eu de grands torts. Il est le premier à les reconnaître. Il est vif, pointilleux, et dame ! ce n'est pas un ange... Il aurait eu seulement l'assurance que, plus tard, quand les marronniers auraient pris du développement, on les élaguerait de ci, de là, pour lui ménager quelques échappées, il se serait fait une raison. Il ne demande pas l'impossible.

Maman le remit nettement à sa place.

— On abuse de votre bonne âme, monsieur le curé... De quelles missions vous chargez-vous ? N'en déplaise à monsieur Davèzieux : pas une feuille de ces arbres ne tombera jamais par mon ordre. Quand bien même j'oublierais les cruelles offenses qui nous ont été faites, la volonté de mon pauvre mari doit demeurer sacrée pour moi.

M. le curé n'avait décidément pas de chance lorsqu'il apportait à la maison le rameau d'olivier. Il fut d'autant plus déconfît qu'il ne connaissait pas maman sous ce jour- là. Mais, depuis qu'elle était chef de famille, maman, autrefois si effacée, savait se montrer à l'occasion.

Elle avait d'ailleurs à tous égards beaucoup changé. Son visage et son caractère se dépouillaient de leur longue jeunesse. Elle n'apportait plus, et c'était tout dire, la même activité joyeuse dans ses " grands nettoyages ". Son cher Longval enfin lui tenait moins au cœur. Elle y était revenue sans hâte, elle s'en occupait sans goût. Elle ne pouvait pas oublier que cette propriété n'avait valu que

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