806 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
mentistes et voix, et l’insignifiance, la banalité, il faut le dire, la bassesse, des idées et des développements.
Le premier mouvement put donner le change, une certaine gravité morose l’emplissait : de temps en temps un éclat de fanfare réveillait notre respectueux ennui. Si cet artiste pense continuer Beethoven, nous disions-nous, laissons- lui une illu- sion si ennoblissante. Aux deux morceaux suivants notre respect tomba ; la symphonie devenait rhapsodie ; le musicien évoquait le Prater viennois non en vives couleurs dansantes, mais en vulgarités douceâtres, douceâtres jusqu’à l’écœurement, jus- qu’au rire — car se réclamer de Beethoven et aller si loin dans la platitude est un spectacle exhilarant. Au quatrième morceau résonne enfin la voix humaine.
Oh ! l’entrée de la voix dans la neuvième symphonie : quel tremblement ! quelle horreur sacrée ! quelle attente ! Ici un contralto nous chante un lied, sans aucune raison, pour varier le pot pourri. Et le final vient couronner le tout d’une tempête qui n’est pas plus justifiée et où les cocasseries orchestrales, (disparition des cors dans la coulisse, effets de lointain, subite réapparition) ne dissimulent pas la faiblesse de la pensée. Au reste, nous n’aurions pas pris la peine de parler d’un musicien habile à manier l’orchestre, — un de plus, ils le sont tous — celui-ci se réclamât-il de Beethoven, si certains connaisseurs n’avaient eu le front de nous l’opposer. Ce sont de nobles dons que " l’ampleur " et que l’abondance. Mais il n’est pas en art de valeur quantitative à laquelle nous ne préférions la plus petite qualité. Lorsque nous reviendront la grandeur, l’élan spontané, l’allégresse, nous les saluerons avec joie. On ne peut pas nous en vouloir de respirer en attendant les fleurs rares et délicieuses de notre jardin musical français, le seul qui fleurisse encore au monde.
H. G.
— Roosevelt émerge d’un groupe qui vient d’entrer, à droite, et se dirige vers son fauteuil, au milieu de l’estrade. Durant