NOTES go3
après Cézanne "certaines taches de couleurs en un certain ordre assemblées", elle anime cette harmonie, et la relie à la nature. La joie de sensibilité que nous exigeons de l'œuvre peinte ne devrait-elle pas toujours s'accroître d'une joie de représentation contenue dans la définition même de l'émotion picturale. Le bourgeois ignorant qui s'écrie devant une toile du Salon : " comme c'est bien ça " a raison pour moitié.
L'autre moitié appartient à l'artiste insoucieux d'illusion et
je ne prétends pas mettre ces deux moitiés en balance. Mais pourquoi donc l'artiste ne voudrait-il pas avoir raison tout à fait?
M. Marquet s'y efforce. Chacun de ses paysages est comme une fenêtre sur la nature, sur les façades des maisons, sur les arbres, sur l'eau, sur l'air. Je ne sais pas de peinture plus aérée et où la qualité de l'air suivant le pays et le temps soit fixée en valeurs plus justes. Pareille sensibilité de la vue se fût mal satisfaite du prisme limité des couleurs pures. Nous assistons à la réhabilitation de la demi-teinte, soit que dans une période précédente le peintre ait préféré des harmonies plus blondes, soit que selon la dernière manière il s'attache à faire chanter les gris froids. Ici et là même rareté de nuance dans l'absolue justesse des valeurs. J'ajouterai : même ampleur d'arabesque dans l'absolue justesse du dessin. Et donc M. Marquet aurait concilié le trompe-l'œil et l'art, l'imitation de la nature et l'accent de sa sensibilité personnelle, et nous pourrions attendre de lui presque tout, si la courbe de sa carrière ne semblait l'avoir conduit à une sorte de cul-de-sac où nous ne voudrions pas le voir s'établir définitivement.
On sait comment il s'évada de la géométrie un peu minu- tieuse et sèche de ses premiers essais, comment d'abord sans renier son goût pour la netteté dans les plans, il les enveloppa dans une lumière plus complexe. Mais en y songeant, nous nous demandons si ce n'est pas dans cette période intermédiaire qu'il atteignit non seulement à la plus sûre mais à la plus riche et la plus voluptueuse beauté ! Quoi de plus accompli que ce " Balcon " que cette image de Notre Dame vue du quai de la Tournelle, forte et subtile, sans vain chatoiement ! Et certes
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