798 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
un air de Puccini qui ne souligne cet inlassable appel aux sens, de sa musique berceuse et canaille... Qu'il y ait là tous les éléments d'un troublant spectacle, je ne le conteste point... C'est un "poème" que le passé de M. Bataille nous promettait, un " poème " que son présent peut tenir.
Je répète ma question. Est-ce le métier dramatique qui a entraîné ici le poète ? Ou si dans la façon même de sentir de celui-ci, dans son lyrisme quotidien d'une simplicité artificielle, ne sommeillait pas toute la virtuosité du faiseur de pièces ? A bien réfléchir, je ne dis pas non.
H. G. «
LA DAME QUI A PERDU SON PEINTRE, par M. Paul Bourget (Pion Nourrit).
Pour composer les nouvelles qu'il réunit dans ce volume M. Paul Bourget ne s'est point surmené. C'est de la produc- tion pour magazines riches. Mais pousserons-nous l'intransi- geance jusqu'à exiger de nos grands romanciers mondains qu'ils aillent dans le monde en omnibus ? On ne les y recevrait plus. Et comment écriraient-ils leurs chefs-d'œuvre?
L'histoire de ce peintre qui reconnaît une de ses toiles, maquillée et attribuée à un ancien maître, et qui ne dénonce pas la fraude pour ne pas troubler les amours d'un jeune critique d'art compromis dans l'affaire, ce mince sujet de la principale nouvelle du volume n'offrait pas à M. Paul Bourget l'occasion de mettre à l'épreuve sa proverbiale maîtrise psychologique. Il n'y a que petits agréments épisodiques, hélas, parfumés jusqu'à la nausée de quel musc de bazar !
Ce peintre parisien réfugié à Milan dans un désespoir amou- reux n'omet pas de nous dire en passant : " Je m'étais mis en smoking machinalement parce que mon domestique m'avait préparé mes vêtements ". Vous pensez bien que si, dans le temps qu'il était à l'école de Rome, il a fait pour un antiquaire, contre 400 francs, un tableau dans le style du quinzième siècle, ce n'est pas qu'il eût besoin de cet argent — ce qui
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