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778 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

beau jour de triomphe, rouge et or. Joanny serait étourdi des applaudissements accueillant son nom vingt fois répété par le lecteur du palmarès. Et malgré cela, il porterait, jusque sur l'estrade, un esprit sombre et des pensées funèbres. — Mais non, puisque cette idée même lui était agréable, le restaurait dans son contentement de soi-même.

Sans leçons à étudier, sans devoirs à faire ; sans puni- tions à craindre, voici les dernières journées de Tannée scolaire. Elles sont si belles qu'on ne se souvient plus de ce qu'on en a fait. Elles étaient, je crois bien, semblables à de grandes salles vides, tout ensoleillées ; oui, grâce à l'absence des leçons et des devoirs accoutumés, elles étaient pareilles à des salles de fête dont on a enlevé tous les meubles pour qu'on puisse y danser. C'était l'époque où je me récapitulais mon année, me félicitant de n'avoir pas mérité une seule punition ; car j'étais, moi aussi, un très bon élève. Et j'étais content parce que j'allais recevoir, comme on recevrait un beau lingot d'or, le prix d'excellence de ma classe. C'était un important point de repère, dans la vie, ce prix d'excellence : grâce à lui on avait la certitude d'avoir fait très bien ; quand on l'avait, on n'avait pas besoin de regarder plus haut ; on était arrivé. Dire que je n'aurai jamais plus le prix d'excellence !

Joanny était trop grand déjà pour relire les romans de la série de " La Vie de collège dam tms les Pays " ; mais il savait qu'on emploie fructueusement ces dernières jour- nées, si on lit avec soin " La Cité Antique " de Fustel de Coulanges, ou bien le chef-d'œuvre de Gaston Boissier,

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