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74-0 L A NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ment à son sommet. Le crayon suit avec volupté la close ligne de sa perfection. Le seul geste dont l'ascension ne soit par rien terminée — celui de l'homme qui cueille des fruits — il s'exténue dans le calme. Il a je ne sais quoi d'achevé, de comblé.

C'est qu'une composition réunit les attitudes. L'accord descend sur elles et les tient ensemble. Il leur suffit d'être justes. Elles reçoivent leur sens d'en haut comme si on leur imposait les mains. Il n'est pas besoin qu'elles s'inclinent les unes contre les autres. De longs gestes tranquilles passent entre elles, comme ondulent des plantes dans un courant. Ils les enlacent sans les attirer, rien qu'en les désignant les unes aux autres. On peut trouver fruste d'abord le dessin large des membres : il est fait de deux lignes que mène un parallélisme sommaire. Mais si les nœuds des muscles sont dissimulés, c'est pour que rien ne détourne les yeux d'accompagner le mouvement. Toutes les simplifications, loin de chercher la barbarie, ne sont que pour l'aisance. Il y a une liaison si suave qu'elle oblige à s'apercevoir qu'on est en paix. — Parfois même ce n'est aucun geste saisissable qui allie les attitudes ; mais seulement une certaine allure de l'immobilité. Par une certaine façon qu'a chaque forme de se tenir solitaire, elle rend d'elle toutes les autres responsables.

Tant d'harmonie, ne peut qu'être préméditée. Gauguin n'a pas la patience crédule de Cézanne.

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