Page:NRF 3.djvu/729

Cette page n’a pas encore été corrigée

POEMES D UN VOYAGE 719

populaire, un vague nombre grouillant ; ces gens ici, comme au spectacle ils espèrent la suite, atten- dent qu'on leur donne de nouveau à écouter et à voir. Mais les orgues ont grondé, tous se taisent ; et tous se rangent, ouvrent une solennelle avenue, introduisent d'au-delà de ce pan d'ombre, comme d'une obscure coulisse, jusqu'au théâtre illuminé du chœur et de l'autel, un cortège. Un peloton d'abord passe, de soldats romains, et fait son effet. Militaires d'opéra, en maillot rose sous le harnais, armés et casqués de fer-blanc ; et ils marchent en balançant, de la lance scandant leur branle dessus le bouclier comme un tam-tam. Puis voici du clergé suivi de noirs laïcs le défilé hiérarchique et compassé, tous faisant escorte à celui-là, quelque archiprêtre, qui sous la housse d'or d'une chasuble d'apparat, à l'ombre d'un dais s'exhibe, distant et sacré. (La tête d'un vieil homme autoritaire, et savant, et rusé, — que j'imagine un dépisteur de juifs et d'héritiques ! et volontiers je lui prête une sagacité d'ecclésiastique profond). Nul qui sur son passage ne se prosterne révérencieusement, — et moi voilà que j'oublie, ou néglige, de m'agenouil- ler : scandale ! un prêtre m'a vu, son geste dit que j'aie à m'humilier de suite, et bien bas. Je répare, et de mon mieux. Mais sur moi que d'yeux ! sur cet intrus dans la cérémonie. Il ne faut point de badauds ici.

�� �� �