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��POEMES D'UN VOYAGE

��Certes, la profonde église est ainsi toute sépul- crale, qu'on a pour ce Vendredi-Saint, sous des voiles éteignant ses vitraux (dont le soleil de Pâques allumera de nouveau la bigarrure !), solen- nellement enténébrée, qu'on a voulu de toute cette ombre mettre en deuil. Dans Fespace de la nef, rien : avec le silence, la mélancolie de l'obscu- rité déserte : personne. Mais au lointain de cette sombre allée latérale la chapelle ardente s'ouvre, bien en feu de menues flammes à foison, où ça luit dru et doré ! — Un long Christ livide, et dont les chaudes plaies palpitent avec de rouges pleurs, est exposé là, décloué de la Croix ; à la renverse il gît là et saigne comme un assassiné. Victime pathé- tique, avec ses blessures excitantes ! Mainte femme vient s'agenouiller contre, l'adore avidement de tout près, — admire le précieux Sang ; d'aucunes s'éplorent; et j'entends les plus zélées qui lamentent en chœur, studieusement, à voix basse. Celle-là qui s'écoute prier, toute murmurante et les yeux clos. — De temps à autre une se lève, choisit une génuflexion, prend congé de son Dieu ; puis s'en va dans quelque chapelle obscure (là-bas où des

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