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M. PAUL ADAM, PENSEUR 715

aujourd'hui tourner au penseur et à l'idéaliste. Mais, sans le feu du ciel, en vain Prométhée eût mélangé la glaise avec l'eau : jamais elle ne se serait animée. La pensée n'est pas réjouissance qu'on ajoute au plateau pour faire le poids. Tout doit procéder d'elle et, inversement, elle ne saurait procéder d'une oeuvre qu'elle n'a préalablement informée et concertée. M. Paul Adam, quand il voudra n'écouter que sa nature, son impulsion et son instinct, fera encore, comme en se jouant, de beaux livres musclés, éclatants et voluptueux, à quoi tout le dispose, et son acquis, et ses ressources, et cet orageux démon qui habite son cœur. Le Trust semble bien démontrer, en revanche, que la forme de son art et les conditions de son esthéti- que ne se prêtent point à l'enseignement intellectuel ou à la spéculation proprement dite. Non que M. Paul Adam soit illettré ou essentiellement in- capable d'accéder aux régions glacées de la Raison pure : autodidacte plutôt, et avec tous les mérites et toutes les limites de cette sorte de culture; mais il y a des genres en littérature, il faut le rappeler de temps en temps, et qui ne souffrent aucune confu- sion, parce qu'ils correspondent à des spécifications distinctes de l'entendement.

Il n'importe pas moins de rendre hommage à l'effort d'un écrivain qui ne veut pas avoir fini de se développer et de s'accroître. M. Paul Adam mérite notre admiration, autant pour tels de ses

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