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EN MARGE DU " FENELON " 699

Plus abruptement Nietzsche écrira: " Et Luther rétablit l'Eglise : il l'attaqua. "

Il ne s'agit que de s'entendre, entre gens de bonne volonté. Ainsi le grand crime de Luther n'est pas tant d'avoir institué un protestantisme exécrable, dont somme toute on eût fait son affaire ; le crime est d'avoir réveillé l'Eglise, de l'avoir réduite à se ressaisir et si étroitement que, des Rabelais, Renan ou Lemaître, elle ne fait plus son affaire du tout. Et tant pis pour ceux-ci, car "que sont les souffrances d'un homme au prix des destinées de l'Eglise ? continue le prince Vitale. Luther avait paru. Pour lui résister et pour le vaincre, il fallut qu'aux papes philosophes succé- dassent les papes rigoristes. " Et de même au- jourd'hui...

C'est en luttant que l'Eglise prend conscience de sa force — " La force naît par violence et meurt par liberté, " dit Léonard de Vinci. C'est au contact successif de chacune des hérésies que se révèle successivement chacune de ses vertus latentes et qu'elle sent tour à tour opportunes de nouvelles sévérités.

Barres, Lemaître, Maurras sentent tout l'avan- tage d'une religion unique dans l'Etat ; mais ayant le malheur de ne pas "croire," ils peuvent caresser le rêve ou le regret d'un catholicisme qui n'aurait pas exclu de lui-même la libre-pensée, d'un catho-

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