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694 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ciennes polémiques. Jules Lemaître reproche âpre- ment au protestantisme d'avoir disloqué, désu- nifié la France. En le lisant, certains ont regimbé ; mais l'accusation est plus subtile qu'il ne leur a paru d'abord ; et M. Lemaître a soin de n'assumer point, ainsi que l'on va voir, la complète responsa- bilité d'une thèse qu'il insinue plutôt qu'il ne l'expose nettement. Citons le passage :

L'église était devenue pour les peuples une vieille maison hospitalière et commode ; les savants et les philo- sophes commençaient à s'en arranger ; le dogme lui-même s'assouplissait. Le mouvement débonnaire aurait continué. Sans doute, il y avait des abus : simonie, vente d'indul- gences (comme il y a, dans les gouvernements laïques, des Panamas et des trafics de décorations). Mais un bon pape aurait suffi à redresser ces incorrections regrettables. En se soulevant, non contre ces abus, mais contre l'église même le moine Luther et le prêtre Calvin, homme affreux, nous ont donné leur triste Réforme, laquelle nous a valu l'ordre des Jésuites, le rétrécissement du dogme, et pendant long- temps une intolérance catholique égale à celle des réformés. C'est bien fâcheux. Sans cela il y aurait encore une u chrétienté " ; toute l'Europe aurait aujourd'hui une même religion simplement traditionnelle et rituelle, qui pourrait être délicieuse."

" Délicieuse. " A ce mot, des protestants s'indi- gnèrent ; il me paraît pourtant que c'était plutôt affaire aux catholiques. On m'avait lu la phrase ; j'ai voulu la voir dans le livre; et j'ai remarqué

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