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NOTES 68 1

d'une mère que le malheur accable, mais qui donnera du moins à ses petits

Une enfance, une petite enfance heureuse.

A.-F.

L'ÉCOLE DES MÉNAGES par H. de Balzac (Odéon).

On n'a pas prêté à la pièce de Balzac toute l'attention qui convenait. Ce drame qu'on croyait perdu et que M. de Loven- joul eut la bonne fortune de retrouver, n'ajoute pas grand'- chose, a-t-on dit, à la gloire de Balzac. Les qualités n'en diffèrent guère, somme toute, de celles que, pour prendre un exemple, on découvre en César Birotteau.

C'est raisonner de façon bien américaine. Si V Ecole des Ménages n'ajoute point au bilan, elle précise les valeurs. Elle laisse entrevoir combien par son instinct dramatique Balzac eût été un précurseur. Sa pièce ne fut pas acceptée et sans doute déplut pour ses qualités mêmes. Il est probable que, jouée, elle eût hâté de quinze ou vingt ans l'apparition du drame naturaliste. Ce milieu de gros boutiquiers est peint par menues touches précises, qui durent choquer par leur prosaïsme, mais qui sont d'un choix admirable. Constatation singulière : ce qui communément se fane le plus vite, la peinture du milieu reste ici saisissante. Ce sont les caractères qui ont souffert davantage, non pas ceux qui sont faits de ces détails minutieux, inventés sans doute, mais de vraisemblance quotidienne, sil- houettes de domestiques, figure en pied du vieux caissier ratatiné sur son livre de comptes. Les plus éprouvés, ce sont les personnages de grande invention, de haut jet, ceux que l'auteur ance en avant et abandonne à leur propre logique. Les deux héros, le marchand de drap et M Ue Angèle, son employée ont, si l'on ose dire, les pieds sur le sol et le front dans les nuages. Leur amour contrarié les mène à la folie l'un et l'autre, folie où tous deux restent épris, mais ne se reconnaissent pas — idée tragique, mais idée de poème tragique plus que de tragédie. On ne se défend point d'admettre qu'Yseult meure

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