Page:NRF 3.djvu/676

Cette page n’a pas encore été corrigée

666 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

devant elle brusquement. C. qui fume un assez bon cigare m'envoie en éclaireur voir "si ça vaut la peine d'entrer. " Le cigare n'étant pas achevé quand je ressors, nous repartons... Mais était-ce bien la cathédrale ?

J'ai dormi comme un minéral. Matin charmant ! Une joie inouïe carillonne à travers la ville ; c'est l'heure où les troupeaux la parcourent ; chaque chèvre qui passe égrène en trottinant la note unique de sa clochette. L'air est tout parfumé d'azur ; les toits brillent. Fuir ! ah ! fuir plus au sud et vers un dépaysement plus total. C'est par un tel matin que l'espoir le plus confiant et le plus hardi de notre âme appareille, et que la toison d'or tremble devant Jason.

Elche. — Grâce à nos manteaux du Tyrol nous pas- sons ici pour deux toreros catalans.

Ainsi que naguère à Séville, les " cercles " sont ce que j'admirai le plus à Murcie. Ces cercles ont ceci de parti- culier qu'ils sont toujours rectangulaires. On dirait l'inté- rieur d'un omnibus dont les deux côtés se seraient beau- coup reculés. Touchant les deux murs latéraux, deux rangs de larges fauteuils se font face. Dans chaque fauteuil un cercleux. Chaque cercleux fume un cigare et, de biais, regarde passer le passant. Le passant, en passant, regarde le cercleux fumer son cigare. Une grande glace sans tain sépare les cercleux des passants : vu du dehors le cercle a l'air d'un aquarium.

Les cercles sans prétentions sont de plain pied avec la rue. (C'est une rue où ne passent point de voitures)

�� �