Page:NRF 3.djvu/656

Cette page n’a pas encore été corrigée

646 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

la Colombie. Ce petit garçon savait bien sa géographie. Un peu plus tard, la voix du petit garçon trembla très fort, et Gustave qui ne songeait même plus à lui, avait prêté l'oreille : le petit garçon parlait d'un de ses camara- des, nommé Francisco Marquez et de la soeur de ce cama- rade, Fermina. Gustave blasphéma:

— Fermina ? En voilà un nom à coucher dehors ! Fermina !

Devant le beau magasin de jouets qui est au coin de la rue du Louvre et de la rue de Rivoli, sous les arcades, ils s'arrêtèrent. Le petit garçon, comme il sied à un petit garçon, ne se lassait pas de regarder l'étalage. Il fallut entrer dans le magasin. Et Gustave fut surpris de voir que le petit garçon achetait un petit drapeau, un drapeau de soie imprimée collé à une hampe de fer. " Qu'est-ce que le petit garçon voulait faire de cet accessoire de cotillon ? " Vraiment les grandes personnes ne savent rien com- prendre.

Et, le lendemain de la rentrée, à la récréation de une heure, Camille Moûtier, ayant aperçu Marna Doloré et ses nièces dans le parc, sortit de la cour, le cœur battant très fort. Une fois hors de la vue des surveillants, il se mit à courir, et, comme un beau chevalier paré des couleurs de sa dame, il passa devant Fermina, tenant à la main un petit exemplaire du drapeau colombien, flottant !

— Tiens ", s'écria la jeune fille, " le drapeau de mon pays ". Camille Moûtier revint sur ses pas, et balbutia :

— J'allais le porter à Paquito ; où est-il, Mademoi- selle ? " Il n'attendit même pas la réponse. C'était déjà trop pour son courage. Il se sauva.

Ce fut la grande aventure qu'il eut cette année-là.

�� �