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FERMINA MARQUEZ 639

Croix ". Il aurait pu lui parler de cela ; mais il eut peur de lui faire trop de peine. Il se contenta de dire, en prenant, malgré lui, un air important :

— C'est une vieille traduction espagnole des Actes des Saints. Cela sent son castillan de la fin du Siècle d'Or. "

— Vous connaissez aussi la littérature espagnole ? Vous êtes un vrai savant, Monsieur Léniot ?

— Oh, Mademoiselle... "

Elle ne se moquait pas ; elle s'était même efforcée de mettre un ton respectueux dans sa question. Joanny se rengorgeait.

— Mais si ; M. Santos Iturria a dit un jour devant moi que vous étiez le meilleur élève du collège. "

Alors, il essaya de lui expliquer le classement des devoirs, les compositions, le tableau d'honneur. Mais il y mettait trop d'ardeur, et l'on voyait tout de suite qu'il y attachait une importance exagérée. En dehors du collège, tout cela n'était d'aucun prix, et à peine compréhensible. Il se tut, interdit : il n'osait même plus prononcer le mot " composition ", qui soudain lui parut exprimer une idée enfantine, dont les grandes personnes sourient non sans raison. Il sentit que le défaut de maturité de leur esprit se trahissait dans tout ce qu'ils disaient, dans la manière dont elle avait exprimé ses sentiments religieux comme dans la façon dont il lui avait parlé de l'histoire romaine.

— Vous travaillez beaucoup " ? dit-elle.

— Oui, beaucoup. On croit que j'apprends facilement, mais ce n'est pas vrai ; mon esprit est lent, je ne saisis pas les choses du premier coup. Vous voyez que je vous avoue même des imperfections. "

Elle lui demanda si c'était par goût pour ses études ou

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