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FERMINA MARQUEZ 629

il lui semblait l'avoir quittée depuis quelques instants. Il aurait voulu lui dire : " C'est pour vous que je travaille ; pour vous, et en songeant à vous. Et, si je veux remporter tous les prix de ma classe, c'est pour avoir un peu de gloire à vous offrir ; c'est parce que celui que vous avez pris pour confident ne peut pas n'être pas le premier d'entre les hommes ! "

��XIV

��— Assurément, je crois ; mais non pas à votre manière. Ne vous l'ai-je pas déjà dit ?

Joanny pensa qu'il devait, à son tour, lui confier ses plus secrètes pensées. Depuis longtemps il souhaitait de les dire à quelqu'un. Il avait renoncé de bonne heure à découvrir son cœur à ses parents. Nos parents ne sont pas faits pour que nous leur découvrions nos cœurs. Nous ne sommes pour eux que des héritiers présomptifs. Ils n'exi- gent de nous que deux choses : d'abord, que nous profi- tions des sacrifices qu'ils font pour nous ; et ensuite, que nous nous laissions modeler à leur guise, c'est-à-dire que nous devenions bien vite des hommes, pour prendre la suite de leurs affaires ; des hommes raisonnables qui ne mangeront pas le bien si péniblement acquis. " Ah, chers parents ! nous deviendrons peut-être des hommes ; mais nous ne serons jamais raisonnables. " — On dit cela, jusqu'à vingt ans, parce qu'on se croit né pour de grandes choses.

Du reste, les parents de Joanny avaient trahi sa con- fiance. Ce qu'il leur avait raconté, à ses premiers retours du collège, — l'histoire de la classe abandonnée où l'on

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