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620 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Le cœur sent quil y a trois dimensions dans V espace^ et que les nombres sont infinis. Et la raison démontre ensuite qu'il ny a point deux nombres carrés dont Vun soit le double de V autre." Ce que Barrés entend par " cœur " Pascal l'eût appelé fantaisie. C'est la fantaisie qui varie d'individu à individu, et qui dépend de " l'hérédité et de la race. " Pascal expressément l'a distinguée du cœur, (ou sentiment). 1 " La fan- taisie est semblable et contraire au sentiment, en sorte qu'on ne peut distinguer entre ces contraires..." etc.. — " Les hommes 2 prennent souvent leur imagination pour leur cœur. " — Ce cœur qui sent qu'il y a trois dimensions dans l'espace, ce n'est pas du tout le cœur lorrain de Barrés.

Si Barrés n'a pas compris le caractère de l'indi- vidualisme et de 1' " irrationalisme " de Pascal, Dom Pastourel a faussé le sens de l'individualisme de Barrés. Le moi auquel tient Barrés, ce n'est pas celui auquel Pascal attachait tant de prix. C'est au contraire celui qu'il jugeait " haïssable " (fr. 455) : c'est la " terre de malédiction " que les fleuves brûlants de la concupiscence " embrasent plutôt qu'ils n'arrosent" (fr. 458) — Le salut de la personne humaine, où Pascal s'intéresse, exige précisément le sacrifice de ce moi pour lequel,

��1 Fragment 274.

2 Fragment 275.

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