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LA MORALE ET LA PEDAGOGIE DE M. BARRES 609

dire que Barrés exige des instituteurs qu'ils s'in- clinent devant l'Eglise, non pas qu'ils adhèrent à ses dogmes. C'est extérieurement, et non pas dans leur cœur même, qu'ils doivent prendre parti pour l'Eglise. Barrés se place à un point de vue social et non à un point de vue religieux. Ce qui est im- portant pour lui, c'est de sauver notre civilisation. Or ce qui nourrit cette civilisation, c'est la tradition religieuse. Pour sauver l'une, rallions-nous à l'autre. Que telle soit bien la pensée de Barrés c'est ce qu'atteste cette phrase étonnante : " Nous avions

Iun système qui avait fait ses preuves ; il four- " nissait un produit humain d'une valeur incontes- tée. Qu'avez-vous à lui substituer ? La vieille maison pouvait avoir ses lézardes mais elle gar- dait son toit. Les réparations étaient faciles." La première réparation consiste donc à consolider le clocher. On demande aux instituteurs d'y con- sentir par amour de la civilisation française. — Cercle carré, comme dit souvent Maurras. Mais Maurras le dit, lui, chaque fois qu'on le met en présence de la réalité. Barrés, si l'on s'en tient à son discours, ne s'attache à la religion que parce qu'elle nourrit la civilisation qu'il aime. On comprend à la rigueur qu'il puisse, lui, par traditionalisme, faire les gestes de la prière. Mais il demande aux instituteurs, pour soutenir une civilisation que par hypothèse ils n'aiment plus, de se rallier à la religion sans d'ailleurs exiger qu'ils y croient. Etrange moyen,

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