Page:NRF 3.djvu/602

Cette page n’a pas encore été corrigée

59 2 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAIS]

des herbes inutiles, elle a tressailli de joie. Pen- dant six jours qui furent six cents ans, elle a créé. Depuis le septième, elle se repose.

Elle a l'air de vivre là, toute seule, en ermite, mais elle communique avec le reste du monde par quatre routes où vont et viennent des chariots, des camions, et deux diligences, et par de c< poteaux, plantés le long des routes, que relient les uns aux autres des fils de fer qui n'en finissent pas, et qui commencent Dieu sait où ! Pas-comme-le* autres sait déjà que ce sont les poteaux du Télé- graphe, qui servent à porter le poids des dépêches. Il applique contre l'un d'eux son oreille. Rien. Aucun bruit. Le Télégraphe dort. Il frappe du pied contre le poteau, violemment, écoute, et s'enfuit à toutes jambes : il est sûr d'avoir réveilla le Télégraphe, ce mystérieux personnage, qui va se lever et le poursuivre pour lui tirer les oreilles, s'il ne se sauve pas au plus vite.

Elle vit en ermite, comme des milliers d'autres petites villes, dispersées partout, qui ne se verront, ne se connaîtront jamais. Et, certainement, chez chacune d'elles, il doit y avoir un enfant qui, lui non plus, ne ressemble pas aux autres. Pas-comme- les-autres a des frères qu'il ne verra sans doute jamais. Ici, il est seul.

L'hiver est le temps des lampes et des poêles, le printemps, des violettes et de l'herbe toute verte, l'été, des cris de coq dans le silence de

�� �