Cette page n’a pas encore été corrigée

44 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

et il possédait un sentiment complet de la justice qu'il mettait en exercice pour toutes les personnes. Il vivait dans un équilibre absolu de la sensibilité et de l'intelligence que la maladie même ne put détruire, et ce fut pour ses amis un noble enseigne- ment que de le voir conserver, jusqu'à son dernier jour, après des années de souffrances, une parfaite santé spirituelle.

Ces dons devaient lui assurer une influence profonde et durable chez ceux qui l'approchaient. Il ne recherchait point cette influence ; il l'eut presque contre son vœu. Il connaissait trop le doute où il demeurait pour désirer d'être un guide pour quelques-uns de ses amis. Mais ses vertus étaient celles de la foi, et sa supériorité était si éclatante et si douce que chacun trouvait son bonheur à renoncer devant elle à toute résistance de l'orgueil. Ceux qui lisent les livres de Charles- Louis Philippe pourront connaître la mesure des sentiments que Lucien Jean inspirait à ses amis et le sens de la direction qu'il leur donnait ; ils le reconnaîtront dans plusieurs figures que Philippe introduisit dans ses romans : il est là tel que ses amis le voyaient à son travail, dans sa vie, et dans la leur.

Il y a d'autres livres encore, qui viennent de ses amis, où sa personne et sa pensée apparaissent. Le moment n'est pas encore venu d'en parler. Il faut simplement marquer ce commencement que cons-

�� �