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SOIR DE RENTREE 475

dessus les hautes murailles de notre prison, taqui- naient, dans une suprême coquetterie, les pauvres jeunes arbres scrofuleux de la cour, tassés dans leur pelisse de paille, et avivaient le rire de nos yeux. On quittait sa veste pour mieux courir, comme au printemps ; on criait, on chantait, sous la caresse dernière de cet été qui s'attarde.

C'était aussi le temps de la " retraite ", durant lequel on déserte les classes nues pour la douce somnolence de la chapelle richement parée. On pouvait encore s'illusionner, se croire à demi en vacances.

Jusqu'au jour où tombait le glas de la Tous- saint et des Morts avec leur concert d'offices funèbres et les froids parfums des chrysanthèmes rigides, figés dans leur immobilité cadavérique.

Alors, cette fois, c'était bien la fin pour de bon, le triste Requiem de notre liberté, le De Profundis de nos amours. La nature nous abandonnait à notre sort inéluctable, soufflant des rafales par dessous les portes du dortoir, éteignant tout à fait nos souvenirs de plus en plus vacillants. ...Et l'on se laissait lentement porter par l'espoir de Noël et du Jour de l'an déjà proches.

Tancrede de Visan.

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