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la nouvelle revue française
Tu retires le clair et fragile miroir
Du bord de la fenêtre
Et ton trousseau de clefs balle au long du tiroir
De l’armoire de hêtre.
J’écoute, et te voici qui tisonnes le feu
Et réveilles les braises
Et qui ranges autour des murs silencieux
Le silence des chaises
Tu enlèves de la corbeille aux pieds étroits
La fugace poussière
Et ta bague se heurte et résonne aux parois
Frémissantes d’un verre.
Et je me sens heureux, plus que jamais, ce soir,
De ta présence tendre,
Et de la sentir proche, et de ne pas la voir
Et de toujours l’entendre.
Avec la même ardeur que tu me fus jadis
Un jardin de splendeur dont les mouvants taillis
Ombraient les longs gazons et les roses dociles,
Tu m’es en ces temps noirs, un calme et sûr asile.