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FERMINA MARQUEZ 397

l'égard des femmes, c'était une séduction. Par ce moyen, d'abord, d'un enfant qu'il était, il deviendrait un homme : alors, sans doute, il pourrait s'approcher enfin sans rougir de ces " jeunes dindes " restées ignorantes. Par ce moyen, encore, il connaîtrait une nouvelle espèce de triomphe : il saurait ce qu'un homme ressent à voir une fille lui sacrifier ses scrupules, sa pudeur, et toutes ses années d'innocence. " Et une femme qui se livre, ne trahit-elle pas le sexe tout entier ? " Oui, en séduire une ! A cette pensée, comme tu bats fortement, cœur de conquérant ! Ainsi Léniot songeait, en fumant, dans le parc, sa ciga- rette d'après déjeuner. A cet instant même, Marna Doloré et les jeunes Colombiennes parurent au tournant d'une allée. Lèniot se hâta de les joindre, et, en les saluant, regarda Fermina Marquez au visage, durement, comme on regarde un ennemi. Il venait de penser: "Pour- quoi ne serait-ce pas toi ? "

Et la témérité de cette pensée le frappa soudain ; tout son sang lui sembla refluer en déroute vers son cœur. Cette enfant était si belle, si imposante dans sa grâce, si majestueusement jeune, que jamais il n'oserait même lui laisser voir le trouble où sa présence le jetait. Et puis, tout aussi brusquement, sa volonté reprit le dessus, et refoula un sang plus chaud, tout électrisé, dans ses veines. Oh ! il oserait ; on verrait bien ! Il se mit à marcher près d'elle. Tout ce qu'il se proposait d'accomplir se dressait devant son esprit. Attentivement, il mesura la distance qui le séparait du premier baiser. Et voici que de nouveau il n'osait plus. Rien ne pressait pourtarît. Mais il y avait là un obstacle que sa timidité, frémissante, cabrée, refusait de franchir. Ce n'était pas qu'il craignît de se poser en

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