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FERMINA MARQUEZ 389

au-delà de leur riche cœur de femme, l'esprit lucide et bien ordonné d'un homme. Mais comme nous ne pour- rons jamais voir clair en nous, connaîtrons-nous jamais cette part de l'autre sexe que nous contenons tous, et toutes ? C'était notre erreur à vingt ans, de croire que nous connaissions la vie et les femmes. On ne connaîtra jamais ni la vie ni les femmes, et il n'y a, partout, que des objets d'étonnement et une suite ininterrompue de miracles. Santos croyait avoir appris à connaître les fem- mes, dans les cafés de Montmartre ; et nous aussi, qui n'étions allés — et rarement encore, — qu'à des parties et à des thés chez nos correspondants de Paris, nous aussi nous disions : " Voilà bien comme sont les femmes ".

VIL

Mais le scandale de notre absence, aux heures des récréations; nos promenades, sans permission, et nos parties de tennis dans le parc, inquiétèrent enfin les auto- rités du collège. Et, un jour, chacun des chevaliers de Fermina Marquez s'entendit interdire l'accès du parc, sous les peines disciplinaires les plus graves. Seul, un élève de seconde, Léniot, était spécialement autorisé à accompagner les dames. Marna Doloré avait demandé cette faveur, parce que Léniot protégeait le petit Marquez et le guidait à travers les difficultés d'un début dans la vie de collège.

VIII.

Joanny Léniot, à quinze ans et demi, était tout sim- plement un collégien fort en thème. Sa physionomie

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