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LE CHARRETIER 353

poussière mouillée, on pouvait voir à un demi-mile les arbres se tordre sous le vent dont on percevait le gronde- ment.

Jones tourna ses chevaux de manière à les abriter autant que possible, les arrêta et fixa solidement tout ce qui aurait pu donner prise à la tempête.

Ils étaient sur un mamelon couronné d'arbres morts quand l'ouragan de sable rouge les atteignit de toute sa force : il faisait si sombre qu'on se serait cru à la tombée de la nuit.

Jones avait dit à Jessie de se coucher à terre, l'avait roulée complètement dans la couverture et lui avait recom- mandé de ne pas bouger. Lui-même accroupi plus loin, avait l'œil sur les chevaux tout en sachant qu'il lui eût été impossible de les arrêter si la frayeur les avait pris.

Pendant un quart d'heure, l'ouragan rouge passa dans toute sa furie, puis cessa comme par enchantement tandis que des grosses gouttes tombaient sur le sol balayé.

Jessie sortit de dessous sa couverture et voyant que le calme était revenu, elle alla du côté de l'attelage. Un arbre mort abattu par la tempête, était tombé tout près du wagon ; l'enfant aperçut soudain son père emprisonné sous un des tronçons. L'homme avait été tué sur le coup, sa vie avait été saisie au vol ; nulle blessure visible, nulle trace de souffrance sur le visage.

Jessie essaya de dégager le corps mais elle vit bientôt que cela lui serait impossible sans le secours de la hache. Elle alla chercher l'outil et, ravalant ses sanglots, attaqua le tronçon : le bois mort est dur à entamer et ce ne fut qu'après vingt minutes de travail qu'elle réussit à dégager le corps.

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