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��LE CHARRETIER

��A cinq ans, la gamine parvenait à se hisser toute seule sur le cheval, après l'avoir amené près d'un tronc d'arbre: une fois en selle et les pieds dans les étrivières, elle talon- nait l'animal qui savait parfaitement de quel côté se trou- vaient les vaches, et qui en bon vieux cheval qu'il était, montrait envers l'enfant une patience angélique et toutes sortes d'égards.

Matin et soir, Jessie allait chercher les trois vaches que sa mère trayait et, les cheveux à la brise, galopait parmi les grands arbres du paddock, suivie du chien de Kangaroo que son grand âge et ses nombreuses blessures retenaient toujours en arrière. Elle aidait comme elle pouvait la mère à faire le ménage et comme tout mioche australien qui se respecte, s'exerçait déjà avec une hache américaine sur tout ce qu'une hache peut entamer.

Le père était presque toujours en route avec son wagon et son attelage de 14 chevaux, charriant pour plusieurs grandes stations de la laine, de la farine, des provisions ou du fil de fer. Il était parfois quatre mois sans revenir, puis un soir, la mère et la petite entendaient un bruit encore lointain qu'elles reconnaissaient vite. C'était d'abord le grondement des roues sur le chemin, le pas des chevaux, enfin les trois coups de fouet qui éclataient dans l'air comme trois coups de winchester.

On accourait au devant du nuage de poussière d'or

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