Page:NRF 3.djvu/340

Cette page n’a pas encore été corrigée

��330 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

le rôle d'intermédiaire, de lentille interposée, ne s'efforce plus sincèrement de reproduire l'image avec le plus de vérité possible, dès que ses acci- dents de structure le désignent à l'attention plus que sa limpidité, où s'arrêtera l'intérêt que l'on prête à ses failles ? Je déforme, donc je suis. De là le soin que porte l'artiste sur les inégalités de son œuvre, sur les tics, sur les égratignures de la " griffe ", sur tout ce qui fait signature le plus matériellement ; de là un genre nouveau : Vèbauche — qui n'est point à confondre avec V étude. Cette dernière n'avait pas, comme on dit, sa fin en soi ; elle n'offrait d'intérêt qu'en raison de ce qu'elle annonçait de l'œuvre future. C'était dans une ascension abrupte, une marche où poser le pied. L'ébauche, elle, est une halte ; ce n'est pas un sommet, mais c'est un palier. On s'y repose avec plaisir. L'atmosphère y est plus fami- lière que sur les pics sublimes. Aussi, à vrai dire, ne va-t-on pas plus loin, et ce qu'aujourd'hui l'on appelle une œuvre, ce n'est presque jamais qu'une ébauche réussie.

On entend protester contre une telle tendance, comme si ce n'était là que l'erreur d'un moment, comme si de mauvais principes esthétiques en étaient cause et non de mauvaises mœurs. A la rigueur on persuaderait un artiste d'essayer d'autres méthodes de travail ; mais il ne modifiera ni son orgueil, ni la conception qu'il se fait de son

�� �