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��LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
��reste pas moins l'un de ceux qui s'imposent le plus vivement à notre considération, à cause du document qu'il nous trans- met : tout le conflit dont Philippe fut partagé y est exposé, et son choix aussi.
A. R.
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��CROQUIGNOLE. {Fasquelle, 1906).
J'ai entendu dire un peu partout, quand Croquignole a paru, que Philippe se répétait, qu'il était décidément le prisonnier de sa formule, qu'il avait bien fait d'écrire Bubu. Je me suis gardé d'observer que Bubu se trouvait placé à distance égale de La Mère et l'Enfant et du Père Perdrix. Bubu lui enlevait le droit d'avoir écrit quelque chose avant et d'écrire quelque chose après.
C'est pourtant par Croquignole que j'ai appris quelque chose qui a dû être dit, que j'ai peut-être lu, mais que je n'avais pas encore senti, que par conséquent j'ignorais. Croquignole m'a montré pourquoi j'avais le droit d'aimer cet étrange écrivain en même temps que j'aimais Francis Jammes et Jules Renard et aussi Tristan Bernard, et quelquefois Courteline lui-même J'avais besoin d'eux et de lui, et c'était le même besoin. Et si c'est lui qui, après chaque rencontre, m'a laissé le plus de trouble, c'est parce que je sentais en lui plus de choses inex- primées.
Il y eut en lui la même impuissance qu'en eux à choisir sa route morale, le même désir de l'avouer, mais plus de puis- sance à nous faire cet aveu. Il y portait une angoisse mystique qui ne rappelait ni la quiétude égoïste — ou héroïque — de Francis Jammes, ni l'amertume souriante de Jules Renard, ni la perspicacité ennuyée de Tristan Bernard, ni la bonne humeur sinistre de Courteline, et qui installait son œuvre beaucoup plus profond dans nos cœurs, si elle la rendait moins immédiatement accessible à notre sensibilité ou flattait moins la faculté de comprendre que notre génération veut bien se reconnaître.
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