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��312 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISI

l'amour qui avait déjà reflété sa lumière sur les fronts doulou- reux de la bonne Madeleine et de la pauvre Marie, de Berthe Méténier et de la Mère et l'enfant...

Mon pauvre Philippe, quand je t'ai vu, si mince, si chétif , si doux, sur ton petit lit blanc où t'avait couché la mort, j'ai pensé que toi aussi, comme le père Perdrix, tu étais venu vers la ville. Et la ville impitoyablement, t'a frappé comme elle avait frappé le pauvre vieux bonhomme lamentable !

E. P.

��MARIE DONADIEU. — (Fasquelk : 1904.)

Au lendemain de sa mort, avec quelle pieuse ferveur nous nous sommes rapprochés des témoins que Philippe nous laissa de sa pensée et de sa sensibilité ! En tous ses livres, il n'a jamais fait entrer que sa vie ou les hasards que son tempéra- ment, son existence, ses affinités impliquaient logiquement. C'est Philippe, aussi bien, que chez eux notre attentive amitié va cherchant tout d'abord : comment ne le retrouverait-elle pas partout et plus qu'ailleurs en cette Marie Donadieu où son apport de personnage, d'acteur, est si important que lui-même, — ou Jean Bousset si l'on veut — finit par déborder l'intrigue et supplanter la fiction. Certains, autrefois, s'en autorisèrent pour déclarer que ce roman était décevant, parce qu'il tenait autre chose que ce qu'il avait promis au début : j'y consens et l'on verra tout à l'heure ce qu'une étroite critique peut repro- cher à cette composition à tiroir : de quoi se plaindre, toutefois, si grâce à cette ingénieuse substitution, il apparaît en fin de compte que nous recevons plus qu'on eût attendu?...

Depuis le moment où, petite fille abandonnée par une mère volage, Marie Donadieu nous est montrée entre ses grands- parents, sous les ombrages d'un vieux jardin de campagne, jusqu'au couvent où, quelques années plus tard, elle est envoyée, " afin que s'ajoute le charme à la forme naturelle des livres, et la culture, et la grâce, et tout ce qui entraîne à l'amour", la première partie du livre, qui trait par trait dessine

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