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��LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
��devrait être la fraternité parmi les hommes, qui ne compren- nent pas que la vie est la seule cause du bien comme du mal Lj et qu'il faut se pardonner au lieu de se juger !
Maurice Beaubourg.
��LA BONNE MADELEINE ET LA PAUVRE MARIE.
(Bibliothèque artistique et littéraire, i8g8).
Je ne sais plus si j'avais un corps, tant la vie de mon cœur était exquise.
L'image de la Bonne Marie se noie dans la claire atmosphère de souvenirs d'enfance tendres et tremblants. Un tel récit ne se résume point; il n'est qu'émotion délicate, fragiles images, palpitante lumière. " Une fois elle eut treize ans et quitta ma grand' mère près de qui elle avait vécu, pour venir habiter chez nous... Je voudrais dépeindre tes traits ma sœur. On n'y sentait pas l'ardeur et la beauté des teintes, on n'y voyait pas la jolie chair que nous aimons aux jeunes filles. C'était comme de la cendre, et du calme, et du rêve... Des scènes infimes et délicieuses me hantent... " Une fois ce sont des noix qu'il ouvre d'un couteau emmanché d'os blanc ; une autre fois c'est une poire "blonde et blanche" dont sa grande sœur " avec une bonté sainte " lui donne la plus grosse part. " Un jour elle dit : On fait la guerre en Tunisie. Beaucoup de soldats vont partir. Un d'ici qui habite la Chapelle doit y aller. On dit qu'il a pleuré — Un homme pleure ; faut-il que son âme soit plaintive ! " Hélas, bientôt c'est le petit frère, c'est la famille entière qui vont pleurer. Madeleine est prise de la poitrine ; elle ne quitte plus le lit. " Un soir de septembre, je regardais jouer quelques-uns de mes petits camarades. On m'appelle, je rentre à la maison : Madeleine était morte... elle qui fut semblable à un de ces bluets qu'aiment les enfants et qui sont fauchés bientôt par un moissonneur inattentif, avec les blés mûrs... Ton souvenir me blesse de bonheur, Madeleine !..."
Plus douloureux est celui de la Pauvre Marie. Mais, encore ici, comment chercher le fil d'un récit parmi ces rêves, ces
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