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CHARLES BLANCHARD 2$

L'après-midi des femmes se passe dans les chambres. Il semble d'abord qu'elles y fassent un travail de couture et qu'elles s'occupent, pendant que leur mari est pris tout entier par les travaux de son métier d'homme, à des besognes de femmes qui leur demandent beaucoup d'application. Mais lorsqu'on les connaît mieux, on s'aperçoit qu'il n'en est pas tout à fait ainsi. Les femmes n'occu- pent que leurs mains. Leur esprit dans les cham- bres se repose et goûte à des plaisirs comme en connaissent les riches et qui consistent à jouir, au milieu de belles choses, d'idées riantes. Le silence leur est nécessaire, parfois elles l'emplissent d'une chanson choisie entre toutes pour la douceur de ses sentiments. Elles peuplent la solitude, au gré de leur cœur, elles regardent autour d'elles et partent de ce qu'elles voient pour se composer une chambre encore plus belle que la leur et pour se dire qu'étant la femme d'un bon ouvrier, un jour peut-être elles pourront l'acquérir.

Pour bien des raisons, Rose Dumont ne pou- vait permettre à son neveu de rester auprès d'elle dans la chambre, car il apportait quelque chose qu'il en fallait chasser. On eût dit que son silence était vivant, et comme une bête monstrueuse surveillait tout, autour de lui. Rose aurait bien pu s'essayer à chanter une de ses chansons : si quelqu'un alors était entré dans la chambre, ce n'est pas la chanson qu'il eût remarquée, mais le

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