Page:NRF 3.djvu/303

Cette page n’a pas encore été corrigée

JOURNAL SANS DATES 293

Au Mercure de France où l'édition des œuvres de Lucien Jean qu'il devait préfacer, reste en souffrance. Pendant que je cause avec Vallette, C. écrit quelques lettres de deuil ; la mère veut emmener le corps cette nuit même ; à huit heures, une courte cérémonie d'adieux réunira quelques amis, soit à la maison de santé, soit à la gare. Je n'irai pas ; mais veux revoir Philippe une fois encore. Nous retournons là- bas. Léautaud nous accom- pagne.

Nous voici de nouveau dans la salle mortuaire. Bour- lelle est venu prendre le masque du mort; sur le plancher i'écrasent des salissures de plâtre. Oui certes nous serons îeureux de conserver ce témoignage exact ; mais ceux jui ne le connaîtront que par là n'imagineront pas l'ex- >ression totale de ce petit être râblé, dont le corps tout itier était de signification si particulière. — Oui, Tou- >use-Lautrec était aussi peu haut que lui, mais contrefait; 'hilippe était d'aplomb ; il avait de petites mains, de >etits pieds, des jambes courtes — le front bien fait. Près de lui, au bout d'un peu de temps, on prenait honte 'être trop grand.

Dans la cour un groupe d'amis. Dans la salle, la mère, [arguerite Audoux, (ah ! que la qualité de sa douleur

îe paraît belle !) Fargue ; Léautaud, très pâle dans sa irbe très noire, ravale son émotion. La mère se lamente

ncore ; Fargue et Werth consultent un indicateur ; on
onvient de se retrouver le lendemain matin à la gare du

juai d'Orsay pour le train de 8 h. 15.

Jeudi. 8 h. Gare du Quai d'Orsay, où nous arrivons C. et

�� �