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��278 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

IV

LA FOIRE

Cette année-là, le deuxième dimanche du mois de juin, un événement se produisit, que des jours heureux, longtemps à l'avance, eussent dû faire prévoir. Lorsque le matin descendit des cieux, ce fut comme si une nouvelle saison commençait. Ce fut comme si les cieux sur la Terre descendaient avec le matin. L'air que l'on respirait avait une odeur inconnue, une odeur merveilleuse, et plus d'un pensait : C'est un mystère, jamais la petite ville que j'habite n'avait eu ce parfum. La lumière était blanche et bleue ; si parfois, au bout d'une rue, dans une échappée, on apercevait la cam- pagne, il était difficile de faire une différence entre la couleur de l'azur et la couleur des champs. Les maisons qui étaient au soleil brillaient par une loi naturelle, et pour celles qui étaient à l'ombre, une joie intérieure les faisait briller aussi. Chacun pos- sédait en plein milieu de sa poitrine un cœur pur et prêt à recevoir de grands sentiments. Une nouvelle saison commençait, l'hiver et la douleur pour toujours avaient fui, on ne se disait même pas que le matin serait suivi du soir, puis de la

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