Page:NRF 3.djvu/281

Cette page n’a pas encore été corrigée

��LES "CHARLES BLANCHARD " 27 I

du haut de sa demeure penchant sa face sur la Terre lui distribuait à flots de grands sentiments de joie. Il était là. Une lumière tendre coulait sur les choses qui, immobiles et pleines de plaisir, la recevaient sur toutes leurs faces. C'était le matin.

On peut dire que l'enfant rencontrait sur sa route tout ce que Ton peut voir de doux en ce monde. Les portes des maisons étaient ouvertes: les portes de celle-ci, les portes de celle-là, les portes de cette autre encore ; chaque maison faisait penser à un homme qui, sortant d'une nuit de sommeil, a besoin de regarder ce qui se passe au dehors. Les ménagères consacraient les premières heures du jour à débarrasser les meubles de la poussière que leur avait laissée la veille : on aper- cevait dans chaque intérieur des armoires luisantes, des chaises cirées, des lits gonflés qui, débarrassés de leur fardeau de la nuit, sous leurs rideaux que l'on avait soulevés, semblaient respirer. Elles ne se contentaient pas d'avoir mis le bon ordre chez elles : une fois leur maison balayée, elles sortaient et balayaient la rue. Tout était propre, tout était jeune, la petite ville entière faisait penser à un enfant que sa mère vient de lever et qui, ayant fait sa toilette, s'apprête à passer une journée char- mante.

Le temps marchait avec aisance. On avait entendu sonner neuf heures au clocher de l'église, puis, comme on était allé faire un tour et que l'on

�� �