Page:NRF 3.djvu/248

Cette page n’a pas encore été corrigée

238 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

sciences et C ie pour préparer mes examens des ponts et chaussées de la Ville de Paris. Le pis est que, possible, il n'y ait pas d'examen cette année. Il me faut donc travailler pour un avenir lointain ; d'ailleurs je suis fait à ce genre de peine, car depuis longtemps, chaque fois qu'une espérance s'inaugure chez moi, il vient quelque chose la bousculer. Bon Dieu ! va. J'ai des haines inouïes, et la manie des révoltes. Oh ! les pavés sanglants de quelque soir d'orage, où s'écraseront des têtes. Et les pétrir, les monstres sociaux, hausser leur nullité pour la faire choir plus fort.

Luttes altruistes : voici mon vœu. Préparer les foules aux revendications, toutes, — et rebâtir en idées, — puis ayant condensé toutes les souffrances et toutes les forces perdues, buter comme des rocs contre la vieille baraque sociale où nous sommes. Nous, les jeunes, nous avons des devoirs à ce sujet. Il nous faut brandir nos intellects, et aiguiser le tranchant de notre amour pour les pauvres. Et infusons-nous dans les classes ouvrières, et vivons leur vie très proche, et voyons leur désir, et soyons leur chose. Que chaque personnalité soit la résul- tante du désir universel.

L'art ! Il faut l'élargir, y mettre ce que je te conte, s'aider de science. Ghil a commencé, mais il nous faut une large clarté, un verbe net et mat comme un son de guillotine. Je te narrerai quelque jour des idées artistiques, neuves peut-être, mais

�� �