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moquerie, des jaloux. Cela l’habitue à vivre en lui, à ne pas considérer l’opinion. Mais infiniment triste est cette vie en soi, parce qu’il se frotte au public, et qu’il ne peut dire son âme, et qu’il est un vaincu. Son regard prend de la hauteur, et du lointain, car il veut avoir l’air de venir des profondeurs de sûreté pour le présent et l’avenir.

Les rabrouements de certains domestiques continuent sa débâcle, et son amertume. Alors il se croit avoir l’air du chien galeux qu’on lapide. Son orgueil s’en révolte, et il fait des réflexions amères et presque jalouses sur les gens, et rentre encore davantage en lui, avec toujours le désir de garder intacte sa personnalité.

Donc, ici introduction de mépris, de dégoût, premier levain de haine individuelle qui, avec la jalousie, devient de la haine pour les bourgeois, puis pour la société gouvernée par les bourgeois.

3° Point de vue physique. Il est laid, et a de l’expression aux yeux. Son regard est quelque chose d’aigu, presque ivre. Néanmoins la sarabande de ses imaginations lui laisserait parfois (si peu !) espérer de l’amour, puis quelques mots, quelques moqueries ou de simples réflexions le font rentrer en lui et se voir laid, donc ridicule. Il rentre encore en lui, s’affuble intérieurement de son intellectualité, et méprise les femmes d’abord (il admet la doctrine de l’infériorité de la femme à l’homme), les beaux hommes ensuite, voit leur