Page:NRF 3.djvu/231

Cette page n’a pas encore été corrigée

intimes viennent buter contre les murs de tous ses doutes et de tous ses savoirs de persécuté (car la folie de la persécution pointe alors). Et sans cesse, il se pose Y "à quoi bon ?" devant tout effort. Son âme est en débâcle, instable, ne sachant par où sortir, et alors son regard acquiert la douleur profonde, hagarde un peu, et basse du chien qui a perdu son maître.

Et, en lui, l’instinct qui le fait se pressentir plutôt que se connaître, obscurément luit dans le dédale de tous ses états, et raisonne avec cette certitude qui caractérise l’instinct. (L’instinct, c’est de la haute intelligence s’exerçant sur des faits trop ténus pour être formulés.)

Voici à peu près les éléments de raisonnement de cet instinct, voici ce qu’il sent, ce qu’il vit, ce qui est inscrit dans sa chair, ce qu’il entend en s’écoutant :

i° Au point de vue intellectuel — supposons un intellect littéraire aux prises avec la vie. Des fréquentations obligatoires viennent agir sur lui, le frotter avec des rugueurs de roue de meule. Il est en contact avec des imbéciles, et il est obligé de les subir, de leur répondre, de s’abaisser jusqu’à eux. Est-ce à dire que pour s’abaisser à eux, il lui est nécessaire de les avoir compris, analysés ? Non. Le pli se prend dans l’âme, de cela, et il glisse en lui l’être de ses voisins, sans qu’il en ait conscience, et il arrive à s’y complaire, à en tant