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��CHARLES-LOUIS PHILIPPE

EN BOURBONNAIS

��Il y avait un peu moins de dix ans que nous nous connaissions. . .

La même grand'route, la route nationale qui va de Moulins à Saint-Amand, traversait nos deux bourgs distants de treize kilomètres. Mais un village est un tout complet. Le menu peuple s'ignore de commune à com- mune : et tous deux nous faisions partie du menu peuple. . .

C'est un commerçant de chez lui qui nous mit en relations. M. Georges Bodard, bibliophile et lettré, employait ses loisirs à relever dans les vieux registres des paroisses et des mairies des notes destinées à V Histoire du canton de Cérilly, qu'il voulait écrire. Il connaissait depuis toujours Charles-Louis Philippe, le fils du sabotier de la rue de la Croix-Blanche ; il savait son enfance souffre- teuse et malingre, son adolescence de lycéen chétif, intelligent et réfléchi, et les déceptions poignantes de sa vingtième année ; il avait lu La Bonne Madeleine et La Mère et l'Enfant.

Il s'était procuré aussi ma première œuvre, un mince recueil de dialogues paysans. Il prêta ce petit livre à Philippe qui goûta le ton d'exactitude et de sincérité de certaines pièces et s'étonna qu'elles fussent d'un primaire débutant.

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