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vante. L’auteur ne s’embarrasse que vers la fin, quand Pierre Hardy s’efforce à sauver Berthe. Ici Philippe cédait à sa faiblesse sentimentale. Il se le reprochait bientôt ; il tenait à affirmer qu’il saurait bien, quand il voudrait, peindre les riches et les forts : en quoi je pense qu’il s’abusait. Du moins, dans ses Faits-Divers de la Revue Blanche, excelle-t-il à peindre la force égarée des voleurs et des assassins. Il se loge dans leur crâne, il convoite, il frappe, il succombe avec eux ; sa justice nous convainc que ces brutes sont nos frères, et que leurs actes sont faits de la substance de nos désirs. Là sont peut-être les chefs-d’œuvre de Philippe ; car si bien qu’il s’entende à concevoir un ensemble, toujours, dans ses longs romans, un souci de continuité, des scrupules de composition amortissent un peu sa vigueur.

Le Père Perdrix est à mon gré un livre moins réussi, moins savoureux que Bubu, mais plus difficile à écrire et plus beau. La nouveauté n’était pas de nous transporter dans une petite ville, mais de nous mettre, pour ainsi dire, dans les habits des petites gens. Ceux-ci, chez Flaubert, passent en comparses ; et Renard même les saisit tels qu’ils se laissent voir aux bourgeois. Ici, nous sommes de leur cercle, nous respirons leur atmosphère ; pour nous identifier à eux, Philippe se plaît à confondre les trois personnes du verbe : « Il n’y a que le travail pour nousVous êtes même étonné des