NOTES 133
de les trouver surtout valables pour Pellêas, les Nocturnes et la Mer. Je m'inquiète même un peu de la minutie amusée de Children's Corner : il ne faudrait pas que le souci d'être exact amenât Debussy à préférer les petits sujets qu'on peut cerner d'un trait plus élémentaire. La passion d'exprimer n'est belle que s'il lui faut vaincre de grandes résistances. — Mais De- bussy est trop averti, il sait trop bien ce qu'il fait pour que nous puissions garder le droit d'une méfiance, et refuser de souscrire aux espérances magnifiques que son biographe nous conseille.
J. R.
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��LE CŒUR DU MOULIN par M. Dèodatde Séverac (Opéra- Comique).
Sous ce titre M. Maurice Magre a tenté d'écrire un drame de la nature, et n'y est point parvenu. M. Déodat de Séverac ne s'est pas laissé rebuter par les artifices du poète et ses froides allégories : il a pris sa place et chanté la terre natale, qu'il aime d'un si profond amour. Ainsi, sur la scène de l' Opéra-Comique, a paru une musique vraiment rustique, non pas une de ces lourdes paysanneries qui sont des caricatures, mais la confidence même des sources, des bois et des collines, telle qu'elle est accordée à ceux qui savent con- templer. C'est un pays méridional, plus rude que la Provence, plus rêveur aussi, et dont la joie ensoleillée garde au fond d'elle-même une tristesse ou un regret. Déjà des recueils pour le piano, le Chant de la Terre et En Languedoc, nous en avaient révélé la grâce émue, mais ici, écrivant pour l'orchestre, l'au- teur a dû adopter une manière plus serrée ; il s'est corrigé d'une nonchalance qui était jusqu'ici son défaut. Les idées sont nettes et significatives ; le seul reproche qu'on leur puisse faire, c'est d'être trop pressées : elles sont toujours plusieurs qui se montrent à la fois, et l'on ne sait à laquelle entendre. Il faut dire aussi que l'ouvrage remonte à cinq ans déjà : il porte donc des marques de jeunesse dont l'auteur s'est peut-
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