NOTES 131
musiques plus humaines et moins sûres qui chancellent plus souvent, hésitent à plus d'obstacles et ne maintiennent leur continuité qu'en absorbant en elles les voix de l'entour, qu'en confondant sans cesse avec leur cœur les interjections de ce monde périssable où elles cheminent. J. R.
��CLAUDE DEBUSSY, par Louis Laloy (Bibliophiles fantai- sistes).
Claude Debussy est peut-être le seul de tous les musiciens qui ait eu le privilège de vivre à l'époque qu'il méritait. Il était attendu par elle, il est venu répondre à toutes ses questions. La conversation s'engage et presque tout de suite il est reconnu. On l'accompagne, on l'interroge avidement, il parle dans le triomphe.... Sans doute il y a un grand nombre de réfractaires: ne sachant comment se justifier à eux-mêmes leur incompré- hension, ils traitent cet enthousiasme de snobisme, et entre- prennent des enquêtes, comme on en fait en secret sur la mentalité de quelqu'un dont on ne s'explique pas les démar- ches. Mais ils ressemblent à des gens qui resteraient assis dans une salle d'où la foule s'évade en tumulte pour acclamer celui qui passe dans la rue, et qui hausseraient les épaules en mur- murant : Ils sont fous ! — Un fanatisme est toujours une chose trop grave pour qu'en puissent rendre compte les petites explications.
Parmi les privilèges extraordinaires dont jouit Debussy, je compte celui d'avoir trouvé un critique digne de lui en M. La- loy. Il était délicat de parler d'un musicien vivant et déjà illustre, — d'autant plus délicat que l'auteur, n'admettant à son admiration aucun tempérament, risquait de glisser dans le dithyrambe. Il a su se garder avec soin de ce danger en ap- puyant de toutes leurs raisons ses louanges. — La partie la plus intéressante du livre est évidemment celle où M. Laloy s'attache à situer dans l'histoire de l'art la musique de Debussy. — Après la symphonie classique qui combina suivant des règles abstraites les tons fixes, éléments simples et irréducti-
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