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NOTES 121

M. PAUL FORT, POÈTE LYRIQUE.

En manière de préface à Mortcerf, X me recueil des Ballades Françaises, M. Louis Mandin, qui lui aussi est un poète, a écrit une longue étude aussi perspicace que chaleureuse sur l'œuvre déjà considérable de M. Paul Fort. Approuvons-le. Il est juste que l'on redresse le jugement trop hâtif que beaucoup ont porté sur le plus spontané peut-être de nos poètes lyriques. M. Paul Fort ne nous a pas trompés, nous nous sommes trompés sur lui. C'est à nous de le reconnaître.

Un travers commun à bien des critiques est de marquer par avance à chaque auteur sa vraie direction, sa vraie place, sans tenir assez compte de ses aspirations et de ses impossi- bilités. Un peu fatigués, avouons-le, par l'incessant afflux des Ballades Françaises, à un certain moment nous avons souhaité, attendu, exigé du poète " autre chose " et, tablant sur certaines scènes de Louis XI, vivement dialoguées, intenses, pittoresques, nous réclamions un drame de Paul Fort. Or le drame suppose une logique constructive, un coup d'œil réfléchi et une patience, qui ne voisinent pas forcément, dans le même esprit, avec le don du mouvement et du dialogue. Et nous ignorons jusqu'à nouvel ordre, si les possède aussi M. Paul Fort.

Mais non. Il est seul juge de ce qu'il peut faire. Essentielle- ment lyrique, sollicité quotidiennement par le monde, capable mieux qu'aucun de répondre sur l'heure à toutes les sollicita- tions, en improvisations fougueuses, il n'a pas voulu laisser perdre une sensation, une émotion, un souvenir. Victime de sa sensibilité suraiguë et de la vie qui ne s'arrête pas, il a continué de chanter au jour le jour, suivant la vie, en dépit de nos vœux et de nos critiques. Après douze ans, après quinze ans, voici sa chanson, aussi jeune, aussi alerte, aussi aisée qu'elle nous parut au premier jour. Sans chercher s'il y a progrès — est-ce qu'un lyrique quotidien progresse ? — écoutons et contentons-nous d'admirer cet intarissable instinct.

" Un petit loriot jaune, habillé d'ailes noires, se balance en chantant au cœur des giroflées, dont s'orne l'ècusson sculpté du vieux manoir, au-dessus du portail ouvert sur le musée.

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