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154 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

— Sergent Voi-ri-ou...ou... — dit-elle, de cette voix contrefaite, qui détachait en solfiant chaque syllabe. — Vous vous ou...ou...bliez ; il est, ce me sem-ble... midi... trente... sept..."

L'avant bras droit seul remua, et la main qui ne pouvait être que d'étoupe sous le gant, pinça dans une petite poche, au-dessus de la cuisse, une montre naine, en fit tinter le mousqueton, et l'éleva d'un geste grinçant, automatique et soudain coupé, comme si le représentateur avait cassé le fil.

Cette apparition avait jeté Voiriou dans la plus ridicule panique. Il était retombé à quatre pattes, comme un quadrumane incapable de grimacer l'homme longtemps. Comme il avait vomi l'insulte, il vomissait l'excuse, se disculpait, commentait l'incident de la lune, accusait Chtiot Jules, et exprimait tout à coup, pour le frapper par un mot classique, l'idée féroce de Gerfaut.

— Mon lieutenant, — dit-il, presque sur le ton de mystère d'une confidence — c'est un simulateur.

Le fil qui avait mu l'avant-bras droit de la silhouette, parut avoir été rattaché, car la main tourmenta au côté la garde d'un long sabre de fantaisie, la tête grinça sur sa vis ; par les yeux de verre, un froid regard coula jusqu'à Chtiot Jules, et en moins de temps que ne mit le singe de Ginès de Passamont à deviner le présent et le passé de Don Quichotte, lui retourna l'âme et lui escamota son secret.

— Sergent Voi... ri. ..ou. ..ou — Et la dent du cylindre

qui mesurait la voix, engrena les notes les plus profondes. — Vous mettrez... cet... homme... en ob...ser...va..tion...

(A suivre).

Jules Iehl.

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