Page:NRF 1909 8.djvu/35

Cette page n’a pas encore été corrigée

TOMBÉE DU JOUR DANS UNE CAPITALE II9

Seulement les cités ont des couleurs, des sons Que nos pères nont pas connus, de longs frissons Qui traversent, soudain, P atmosphère des rues. Une fiè')>re quon sent près des sentiers déserts, S' élevant du fouillis des mâts, des ponts, des grues. Et quon respire avec angoisse dans les airs. Patience, attendez. Tout mal grand ou petit. Par un système obscur de canaux, aboutit A quelque réservoir caché : là, tout ségoutte. Larmes, sueur et sang, tout suit la même route —

Rêvant ainsi, dans un faubourg je m^ égarai.

Il semblait quune main ordonnée et sinistre

Eût réglé ce quartier pauvre comme un registre.

Pour que chaque habitant souffrît dans son carré.

Deux rangs de murs baignés de clartés électriques

Et plongeant, au sommet, dans les brouillards du ciel.

Face à face, opposaient leurs plans géométriques ;

Et sous ce morne jour malade, artificiel.

Quel visage prenait la vie, ardent et blême !

La perspective avait cet aspect rigoureux

Qui dit aux humbles gens quun maul^ais sort, pour eux,

Est la solution exacte du problème.

Que la raison le ')>eui, que le froid, que la faim.

L'iniquité, selon la logique ?naligne.

Iront toujours, iront, monotones, sans fin.

Comme va le trottoir, au loin, en droite ligne...

C'est là que je vous vis passer, marchant par groupes

�� �