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114 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Ety recréant d'abord une flûte oubliée

De ses nœuds trop restreints sous tes doigts déliée^

Tu distillais tout bas un nombre parfumé

De tout le chaste miel sur ta bouche exprimé^

Et savais^ par V accent hardi qui les accuse^

Unir dans tes roseaux Mantoue et Syracuse.

PuiSy quittant aussitôt pour un prix plus ardu

Par le siècle qui s'ouvre a ton souhait tendu.

Ces jeux d'où la raison n était pas même absente.

Jaloux de consacrer ta gloire mûrissante

Sur de fameux tra')>aux dans ton airain coulés.

Tu gravissais V èther et ses plans étoiles

Jusques aux lois ou V ordre unanime se fonde.

Et pesais a tes vers V équilibre du monde.

Tel Hennés, ravisseur de V extrême retrait

Où se forge sans fin F originel attrait,

A qui tu méditais des louanges occultes

Et ce poème épars dont les membres incultes

Dispersent leurs lambeaux entre eux inache'^és.

Dans leur vive croissance a jamais entravés.

Tu pénétrais V essence invisible des choses

Et les subtils ressorts de leurs métamorphoses.

Et, dans le tourbillon des sphères transporté.

Ivre d'une brûlante et sainte volupté.

Tu suspendais les deux par des chaînes savantes

Et fondais ta ferveur a ces grâces vivantes

Ou la pure raison n'est plus qu'un jeu divin.

Je songe a toi, Chénier, sur le calme chemin

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