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LE LYRISME DE GŒTHE IO7

entrent en jeu pour réaliser ce qu'il appellera " la réunion, dans un étroit espace, des trois formes : épopée, lyrisme et drame. " Lyrique est le mou- vement d'ensemble, avec les rythmes qui le diver- sifient ; épique est le récit limpide et continu ; dramatique est le dialogue intermittent, mais aussi, quand les personnages se taisent, la juste notation des gestes et des sentiments échangés. Rien n'approche en ce genre des deux chefs- d'œuvre : Le Dieu et la Bayadere et la Fiancée de Corinthe. Dans les Ballades de Schiller, c'est le drame qui l'emporte, réglant l'allure du récit, qui court, fiévreux et haletant, vers un dénouement heureux ou fatal. Chez Goethe, la passion n'est pas si violemment tendue ; dans le récit, parfois, un tableau se découpe devant lequel notre attention reste en suspens, pareille à la Fiancée qui, devant le beau jeune homme " lève avec surprise une blanche main " ; l'action cependant ne s'est pas arrêtée, elle glisse, par d'autres images non moins distinctes, vers une fin qui n'est pas un repos mais un essor. Au travers de transparents symboles, nous voyons: ici, l'amour et la jeunesse, en rébel- lion contre l'esprit ascétique ; là, le dévouement amoureux rachetant les péchés du corps. De tels sujets ainsi traités prennent rang dans la mémoire à côté des plus beaux mythes que les siècles ont consacrés.

Ces ballades ne sont point les derniers batte-

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