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478 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

cette unité morale proprement qu'il nous appar- tient de la demander. De Richard Feverel à X Amazing Marriage ,dont trente-six années séparent les dates de publication, comment n'être pas frappé de l'homogénéité parfaite, non seulement de la conception romanesque, mais encore du ton et de l'atmosphère, de l'esprit dont s'inspirent les personnages de cette longue galerie et des mobiles qui gouvernent leur conduite ? Qu'on ne croie pas qu'il s'agisse ici de l'application mécanique et sans surprise d'une formule de métier qui s'assouplit et s'affermit à l'usage. Les procédés d'exposition et de construction de Meredith jamais ne se ressemblent : c'est sa fantaisie qui chaque fois impose au roman la perspective dans laquelle il va s'ordonner. Quel rapport d'ailleurs entre le progressif resserrement qui fait tout le mouve- ment de YEgoïst, et le tumultueux déchaînement de catastrophes qui bouscule et désorbite les acteurs de Rhoda Fleming ? 11 n'y faut pas voir davantage l'évolution logique d'un tempérament d'artiste qui s'enrichit et s'amplifie à mesure que, creusant plus avant, il rencontre en son fonds une veine plus large et plus nourrie. Meredith, précisément, n'a guère évolué. Tel qu'il apparut dans son premier volume que salua Carlyle, on le retrouve au dernier, pareil à lui-même, sans ride et sans ombre, également serein, maître de soi et, à près d'un demi-siècle d'intervalle,

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