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NOTES 545

En réalité, je n'ai eu qu'une sympathie intelligente pour toutes ces doctrines. Je les ai aimées comme de belles idées. J'ai, peut- être même, eu foi quelque temps en elles, mais enfin, comme disait le vieux Latin, je suis homme, et le changement est l'essence de l'homme.

— Je suis heureux de ce que vous voulez bien me dire, mon cher maître. Mais beaucoup s'acharnent à ne pas admettre que nos opinions puissent se transformer.

— Cela, c'est une chose que vous n'empêcherez jamais, man pauvre enfant, jamais " .

L'on comprend fort bien que, durant l'espace d'une préface M. Grappe ait pu croire vivant Sainte-Beuve. Cette admirable intelligence " pour qui le goût du vrai n'était qu'une forme de curiosité " (i) et sur qui M. Maurras et M. de Gourmont écrivaient leurs meilleures études, n'a jamais travaillé plus heureusement que de nos jours à rassembler les esprits les mieux doués et les plus divers.

Des études sur Hugo, Dumas père, George Sand, Quinet, Balzac, Mérimée, et de nouveau Sainte-Beuve, forment le corps de ce volume dont la préface tient le tiers ; études sévères et d'apparence un peu bourrue, qui n'apportent sans doute pas, sur les auteurs en question, grandes clartés nou- velles, mais nous font connaître en Georges Grappe un esprit pénétrant, actif, bien lesté, et sur qui l'on va pouvoir compter.

A. G.

LOUIS LE CARDONNEL par A. de Bersaucourt.

Il faut bien prendre notre parti de ces biographies de con- temporains qu'on ne dirait soucieuses que d'arriver bonnes premières et qui sans recul, sans scrupules, également suspec- tes dans la louange et dans le blâme, sont un des plus fâcheux produits du journalisme littéraire.

Sachons gré, du moins, à M. de Bersaucourt d'avoir, d'une

(i) Cette heureuse expression de M. Faguet est citée par Georges Grappe.

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